Philippe Richelle : le Questionnaire de Proust

Quel est votre passe-temps favori quand vous n’écrivez pas ?
J’en ai plusieurs : la lecture, écouter de la musique, en jouer sur mon clavier Yamaha à 5 octaves  (j’ai fait cinq ans de solfège et sept de piano au conservatoire quand j’étais jeune ado ; pendant que des potes du lycée formaient un groupe de rock et s’éclataient sur scène en provoquant l’admiration des filles, je me coltinais des programmes imposés dominés par Bach, ce qui m’a dégoûté de ce dernier durant de longues années). Alors je me rattrape un peu. Enfin, j’essaie… Je m’occupe aussi régulièrement de mon jardin. Et j’entretiens ma forme physique en jouant au foot en salle et en courant sur un tapis…

Quel est votre maître en BD ?
Je n’ai pas de maître à proprement parler. Les auteurs qui m’ont donné l’envie de faire de la BD sont Hergé, Franquin, Macherot, Tillieux, Hislaire et quelques autres.  Plus tard, la naissance du Magazine (À suivre) fut pour moi comme un choc. Pratt, Manara, Tardi (je connaissais déjà Adèle Blanc-Sec) : ils ont initié une nouvelle approche  de la narration en BD (on parlait des « romans À suivre »). Une vraie révélation !

Quels sont vos maîtres en d’autres disciplines (peinture, musique…) ?
Ah ! Si j’avais pu jouer de la guitare comme David Gilmour ou Clapton !…

Quel est votre animal préféré ?
Mon chien Max, un magnifique Flat-Coated-Retriever mâtiné de Terre-Neuve. Il va avoir 7 ans, il est très bien élevé et d’une distinction crasse (nous le surnommons « le vicomte »). J’ai un faible pour les canards, aussi, depuis toujours. Je ne saurais expliquer pourquoi…

Quel est votre personnage de BD favori ?
J’hésite entre Gaston, Gros Dégueulasse, Joe ou Averell Dalton, Corto Maltese, l’inspecteur Crouton…

Quel est le personnage que vous avez créé préféré ?
J’aime tous mes personnages (y compris les seconds rôles auxquels j’accorde beaucoup d’importance), même les plus négatifs…

Qui auriez-vous voulu être ?
Personne, vraiment. Je m’accommode de ce que je suis, avec mes qualités et mes défauts, mes forces et mes failles…

Quelle est votre faiblesse pour laquelle vous avez le plus de tendresse ?
Un goût presque immodéré pour les friandises et les pâtisseries.

Quelle est votre plus grande qualité ?
Je dirais la ténacité. C’est très utile dans mon métier, pour ne pas dire indispensable… 😊

Quelle musique écoutez-vous en écrivant ?
Je n’écoute pas de musique quand j’écris, ça trouble ma concentration. Pour moi, la musique est une activité à part entière.

Si vous deviez installer votre atelier dans le pays de vos rêves…
En bord de mer ou d’océan, dans une maison moderne baignée de soleil tout au long de l’année.

Décrivez l’atelier de vos rêves…
Le mien ! 😊 Plancher en bois, mobilier art déco, grand espace avec un coin salon, étagères débordant de livres, grandes baies vitrées qui m’offrent une vue imprenable sur le jardin qui plonge vers une vallée et sur les collines  qui se trouvent de l’autre côté de celle-ci.

Vous pouvez inviter jusqu’à 10 géants de la BD, héros de fiction ou autres personnalités à dîner, y compris ceux qui nous ont déjà quittés. Quel est votre plan de table ?
10 commensaux seulement ? C’est beaucoup trop peu ! 😉 Je verrais plutôt une très longue tablée à laquelle seraient assis Lennon, McCartney et Harrison, Roger Hodgson, David Gilmour et Roger Waters (éloignés l’un de l’autre !), Alfred Brendel, Maurizio Pollini, Robert Casadesus, Desproges, Gaspard Proust, Kafka, Almudena Grandes, David Lodge, Jonathan Coe, Simenon, Chaplin, Hitchcock, De Niro, Marielle, Serrault, Gabin, Audiard, Sautet, Isabelle Huppert, Vince Gilligan, Billy Wilder, Scorsese, Montesquieu, Émilie du Chatelet et bien d’autres. De Gaulle présiderait l’assemblée 😊. Et il y aurait un « con », comme dans le dîner de Veber… J’ai des noms en tête : ma lâcheté (ou une saine prudence ?) m’empêche de les citer…

Quel est votre plat préféré ?
L’entrecôte Salers saignante, sans sauce, avec du gros sel…

Quelle est votre gourmandise préférée ou votre péché mignon ?
Les gaufres de Liège et le chocolat Galler lait-praliné…

Avez-vous le goût de la collection ?
Pas du tout. Cela dit, je ne revendrais jamais un bouquin ou un vynile…

Quelle est votre couleur préférée ?
Pour m’habiller, le bleu, le noir, le blanc, les beiges… Pour les paysages, l’alternance du vert des pâturages avec le brun des terres cultivées qui, au printemps, fait place au blond des blés, au mauve du lin, au jaune du colza…  J’aime les paysages façonnés par l’homme… Et toutes les nuances bleu-vert de la mer…

Quel est votre médium préféré (stylo, crayon, ordinateur…) ?
Au début de ma carrière, j’écrivais au stylo. Quand les PC sont apparus, je pensais que je ne pourrais pas m’y adapter. J’ai un peu tâtonné dans les premiers temps. Aujourd’hui, je ne conçois pas mon travail sans l’ordinateur…

Avez-vous un ou des grigris ?
Non. Je ne suis pas superstitieux. Pas du tout…

Quels sont votre fleur, arbre ou plante favoris ?
J’ai un faible pour les arbres. J’en ai planté plus de 200 lors de la construction de ma maison, de toutes les essences qui me tombaient sous la main. Ils font le bonheur des moineaux…

Votre auteur préféré en littérature.
Mon dernier vrai coup de cœur, c’est Almudena Grandes, une autrice espagnole. Son diptyque Le Cœur glacé est un chef-d’œuvre absolu. On est loin des courts romans français centrés sur la vie personnelle de l’auteur ou l’autrice…

Votre musicien préféré.
Le clarinettiste Carlo le calamar 😉.

Votre film favori.
Ce n’est pas un film, c’est la série Breaking Bad de Vince Gilligan. Une œuvre majeure à bien des égards. Scénario passionnant, construction du récit surprenante, personnages parfaitement « travaillés » (jusqu’au plus petit rôle), casting et direction d’acteurs épatants, cadrages audacieux, « exploitation » de tous les thèmes qui contribuent à la qualité d’une grande œuvre… sans oublier le côté politiquement incorrect qui « marque » le récit. Ce n’est pas un hasard si on l’enseigne dans les écoles de cinéma (en tout cas, dans les pays anglo-saxons).

Quel est votre héros ou héroïne dans la vraie vie ?
Ma femme et ma fille de 21 ans.

Quel est votre héros ou héroïne dans la fiction ?
– 

Si vous n’aviez pas été scénariste ?
Quand j’étais gosse, je voulais être soit auteur de BD, soit joueur de foot, soit instituteur. Pour le foot, j’ai tôt compris que c’était peine perdue… Donc je dirais instituteur. Quand je vois la baisse de niveau de l’enseignement, en France comme en Belgique, je suis à la fois effaré et attristé. Quel gâchis ! Car chaque enfant a du potentiel…

Le principal trait de votre caractère.
–

Votre meilleur souvenir d’écriture.
Aucun en particulier. Quelle que soit l’histoire que je raconte, le plaisir que j’y prend est le même (et les difficultés aussi).

Votre devise.
Houlà !… Ah oui : « la plus belle des libertés, c’est d’être maître de son temps », peut-être ?…

Si vous deviez vous décrire en un mot…
Un homme ordinaire, curieux des autres, ouvert aux différences et soucieux d’apprendre, chaque jour.